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Le flamenco dans la peau — Entrevue avec Rosanne Dion

Le flamenco dans la peau — Entrevue avec Rosanne Dion
Crédit photo : Rosanne Dion - Hervé Leblay 
Rédactrice : Charleyne Bachraty

Rosanne Dion est tombée en amour avec le flamenco à 17 ans. On pourrait dire qu’elle a grandi avec lui, s’appropriant ses codes, ses subtilités, son intensité. Ses nombreux voyages en Espagne, en particulier en Andalousie, lui ont permis de maîtriser les techniques, d’aller plus loin dans l’interprétation et d’affirmer ce qui compte le plus pour elle aujourd’hui : la transmission de cet art. Farouche défenderesse et porte-parole d’un style peu mis en avant dans les médias, elle revendique une forme plus traditionnelle du flamenco, et n’oublie jamais qu’il puise sa force – oui, dans la danse - mais aussi et surtout dans le chant et la musique. Pour cette raison, elle vient toujours accompagnée de chanteurs et de musiciens, et ne cesse de se former. On le comprend rapidement : la magie vient avec l’expérience, la flamme reste avec la pratique.

 

Faut-il un bagage spécifique pour apprendre le flamenco ou peut-on se présenter sans historique en danse ?

Rosanne Dion : Oui, c’est possible, bien sûr ! C’est sûr qu’avoir une base, ça aide. En même temps, il y a souvent des faux plis à défaire. Par exemple, les personnes qui viennent du ballet vont arriver avec de beaux ports de bras, une posture, une technique de tours. Le ballet est très aérien, alors que le flamenco, c’est très groundé. Donc, parfois, ça peut être long de les ancrer dans le sol. Mais j’ai des gens qui viennent de tous les milieux de la danse, certains ont même fait du yoga, du Pilates… quand tu arrives avec une base de proprioception, de conscience corporelle, c’est certain que c’est aidant, mais ce n’est pas nécessaire. Moi-même, je viens du théâtre et de l’improvisation, et j’ai tout de suite aimé danser le flamenco. D’autres personnes arrivent sans base, elles sont allées en Espagne et veulent en faire. À partir de là, je les prends en charge et je m’occupe de leur donner une technique et de travailler leur coordination. Cela dit, j’ai quand même quelques conseils de sécurité pour ceux qui voudraient commencer. Premièrement, on danse avec des chaussures de flamenco appropriées, de la bonne grandeur, idéalement d’une bonne qualité, ça sécurise nos pieds, nos articulations… C’est important, car l’on peut toujours se blesser en danse. Deuxièmement, on avise son enseignant si l’on a une condition physique particulière ou des blessures. Certains ont des problèmes cervicaux, et souvent quand on tourne, ils peuvent avoir de la misère à tourner vite, souffrir de tournis, des choses comme ça. En le sachant, on est capable de s’ajuster aux contraintes et de donner des conseils pour réaliser les mouvements en toute sécurité.

 

Quels seraient vos conseils pour ceux et celles qui veulent se lancer dans l’enseignement du flamenco ?

 

 

C’est pour le flamenco, mais je dirais que c’est général à l’enseignement. Premièrement, je dirais de préparer plus de matériel que moins, d’être vraiment prêt, car ça nous donne de l’assurance. On ne veut surtout pas être pris de court lorsque l’on est nouveau ! Donc, on se prépare une bonne base de matériel, sans avoir à l’utiliser nécessairement, mais ça donne de la sécurité et de la confiance. Dans tous les exercices, il faut prendre le temps de donner des indications claires et précises, de prendre le temps d’expliquer, pas juste de montrer. On parle fort aussi, car lorsque l’on dirige, c’est bon de prendre une voix assurée. Je dirais aussi de donner une structure à notre classe, et de la maintenir tout au long de la session. Ainsi, les étudiants savent ce qui se passe, il y a un suivi et une constance qui se mettent en place. De la structure oui, mais il faut aussi savoir accepter l’inspiration du moment. C’est bon de laisser place à la spontanéité dans un cours organisé. Il ne faudrait pas empêcher de bonnes idées de s’exprimer ! Et bien sûr, prendre le temps de corriger ses élèves pour leur permettre d’évoluer, en étant très psychologue. Donc, on prend le temps de dire que la correction est valable pour tout le groupe, sans oublier de transmettre de la confiance et de la sécurité à nos élèves, pour qu’ils sentent que l’on sait où on s’en va, qu’ils se sentent en confiance. Et mon dernier point, ce serait maintenir la discipline, car c’est un style très complexe qui demande beaucoup de travail. Oui, on veut développer des relations, mais quand c’est le temps de travailler, on coupe le trop-plein de paroles pour ne pas empêcher ceux qui veulent travailler de le faire. Les rires et les plaisanteries sont bien entendu toujours bienvenus pour se détendre ou se récompenser après une bonne pratique. Il faut juste que ce soit bien dosé !

 

Comment faire pour garder la flamme lorsque l’on enseigne depuis longtemps ?

Garder la flamme, c’est la première chose qui me vient en tête, garder le feu de la danse et de l’enseignement ! Continuer d’en écouter, d’en voir, avoir envie d’évoluer, garder tout ça vivant. Pour ma part, j’ai 51 ans, je performe encore et j’ai l’intention de continuer tant que je peux. C’est primordial de garder la flamme. Mais je dirais aussi, profiter de son expérience pour anticiper plusieurs erreurs, des mauvaises positions qui reviennent souvent… et le dire tout de suite avant que les étudiants ne se retrouvent avec de mauvaises habitudes. En prenant le temps d’expliquer les erreurs communes, l’apprentissage sera facilité, ce qui sera bon pour tout le monde ! Sans compter que les années d’expérience nous apprennent comment garder une bonne « vitesse de croisière » dans nos cours, comment prendre le temps sans perdre de temps, pour que le cours reste motivant.

 

Existe-t-il des formations professionnelles pour apprendre à danser le flamenco ?

Il n’y a pas une formation comme telle qui existe à l’Université. On choisit une école et l’on pratique, et il y a de très bonnes écoles au Québec ! Mais il n’y a pas de chemin académique : si l’on veut vraiment faire cela de sa vie, il faut aller en Espagne !

 

 

Pour connaître les écoles de danse qui offrent ce style, rendez vous sur le répertoire.

 

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